Fondée par le marchand d’art Georges Wildenstein et dirigée par Georges Bataille, la revue Documents, malgré la brève durée de son existence, a représenté un extraordinaire moment de redéfinition non seulement de la notion traditionnelle d’art, mais aussi de la notion d’avant-garde. 

Le point nodal de la revue est le rôle pilote réservé par Bataille aux sciences humaines, en particulier à l’ethnologie refondée par Durkheim et par Mauss, placée au centre du travail de “démontage théorique” mis en acte par les collaborateurs de Documents.


Les plus grands ethnologues de l’époque y participèrent : Carl Einstein, auteur du premier ouvrage consacré à “l’art nègre”, André Schaeffner, Michel Leiris, Marcel Griaule, Lévi-Strauss, présent sous le pseudonyme de Paul Monnet, et aussi Paul Rivet et Georges-Henri Rivière, vice-directeur du Musée d’ethnographie du Trocadéro. En opposition d’une part avec l’esthétisme académique et d’autre part avec le surréalisme, Bataille fit de Documents un banc d’essai pour sa philosophie “agressivement anti-idéaliste”. 


Le colloque a pour but de porter au jour, à partir de la réédition de Documents de 1991 (Jean-Michel Place, Paris), et de la révision critique à laquelle cette réédition a donné naissance (mise en valeur de la notion d’“hétérogène”, subversion des catégories haut/bas, blanc/noir, etc…), le rôle clé de Georges Bataille et d’autres collaborateurs de la revue, en particulier de Michel Leiris, dont la vision ethnologique est reconnue seulement aujourd’hui dans sa portée radicale. Il vise aussi à dégager les rapports nouveaux entre théorie et image, rapports qui se dessinèrent à l’intérieur du travail de déconstruction des catégories esthétiques traditionnelles.

 

Abstract du Colloque sur la revue Document, 11 et 12 juin 2009, Rome